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L’envie de lire

L’envie de lire

 

Certains personnes disent la chose suivante : Tu ne peux pas vraiment connaître les préoccupations et intérêts des gens quand ils sont occupés, mais donne-leur un peu de temps libre à ne rien faire ou bien mets-les dans une situation où ils attentent qu’il se passe quelque chose, puis réfléchis aux choses qu’ils se mettent à faire. Cette méthode fonctionne en effet, j’ai ainsi constaté qu’une attente de quatre ou cinq heures dans les aéroports internationaux au moment des transits met réellement en évidence les intérêts des gens ; c’est ainsi par exemple que j’ai vu à de nombreuses reprises, comme d’autres que moi, que les Européens – et en général les Occidentaux – ont avec eux le plus souvent des livres ainsi que leur tablette ou leur ordinateur portable, et c’est donc avec cela qu’ils remplissent leur temps d’attente pendant les transits notamment ; quant aux personnes issues des pays qu’on appelle en voie de développement, on constate que la plupart de ces dernières semblent ne pas savoir quoi faire du temps libre qu’elles ont devant elles, certaines personnes dorment sur leur fauteuil, d’autres vont boire un thé ou un café dans un endroit qui en propose, d’autres encore passent tout leur temps à observer les voyageurs assis ou qui passent devant eux. Il ne fait aucun doute que cette différence qui existe entre les premiers et les seconds n’a aucun lien avec la génétique, mais cela vient évidemment de l’éducation et de l’environnement dans lequel ont vécu ces personnes.
Si on se pose la question de savoir quelles sont les méthodes qui permettent de faire aimer la lecture aux enfants, la réponse risque d’être beaucoup trop longue car composée de dizaines de détails infimes et secondaire ; par conséquent, nous allons ici évoqué seulement les initiatives et méthodes de base, qui sont également fort nombreuses, mais dont voici selon nous les plus importantes :

1 – Une famille impliquée : les grandes lignes profondes et définitives de la personnalité d’un enfant se tracent durant les six premières années de sa vie, c’est pourquoi la famille est sans nul doute celle qui assume la plus grande responsabilité dans la constitution des envies de l’enfant, et parmi ces dernières il y a l’envie de lire. L’enfant a très tôt de nombreux sujets d’intérêts qui s’offrent à lui et c’est donc la famille qui le fait pencher vers l’un plutôt qu’un autre, c’est elle qui place en lui ce penchant vers la lecture, le dessin, le coloriage et l’écriture, comme c’est la famille qui peut laisser l’enfant s’habituer à perdre son temps dans les jeux futiles ou les sorties aves des copains désœuvrés, c’est pour cette raison que le fait que la famille mette tout en œuvre afin de faire aimer la lecture aux enfants est une chose primordiale, car c’est là la source de la plupart des vertus.

2 – Une famille de lecteurs :
Nous n’entendons pas forcément ici une famille de fins lettrés ou d’érudits, mais simplement une famille dont les membres pratiquent la lecture de manière quotidienne, ainsi où que l’enfant tourne la tête, il voit son père avec un livre à la main, son frère en train de dessiner quelque chose ou bien sa mère en train d’expliquer à sa sœur un point qu’elle n’avait pas compris dans sa leçon. Un enfant exposé à ce genre d’environnement intégrera l’idée qu’avoir un livre, une feuille ou un crayon à la main est une chose naturelle. Notons que la Ligue américaine des comités de parents a lancé une enquête sur la lecture chez les jeunes enfants, il en est ressorti que 82 % des enfants qui n’aiment pas la lecture n’ont jamais été encouragés à la pratiquer par leurs parents. Il ne fait aucun doute que l’encouragement à lire ne se fait pas simplement en le disant, mais, pour que cela fonctionne, il est nécessaire de créer un environnement dans lequel les membres de la famille lisent, et ce, afin que les enfants les prennent en exemples, c’est pour cette raison que nous pouvons affirmer la chose suivante : si nos enfants ne pratiquent pas la lecture, c’est que nous parents nous ne la pratiquons pas non plus !

3 – La bibliothèque familiale :
Lorsque l’on entre dans les maisons de la plupart des Occidentaux (hormis sans doute les Américains qui sont un peuple particulièrement inculte), on y trouve des livres posés un peu partout, c’est ainsi que leurs enfants s’habituent très tôt à la présence de livres et à la vision de personnes en train de les lire de manière très fréquente. A l’inverse, de nombreuses maisons musulmanes ne contiennent pas de bibliothèque, et lorsqu’il y a une bibliothèque, cette dernière a l’apparence des objets précieux placés sous verre que l’on trouve dans un musée, en fait elle n’est là que pour décorer et aucunement pour que les membres de la famille en profitent, c’est pourquoi aucune main ne s’aventure à essayer d’attraper un ouvrage de ce genre de bibliothèque. En réalité, ce qu’il faut avoir chez soi c’est une bibliothèque qui nourrit les esprits et les intelligences des grands et des petits, une bibliothèque qui se constitue jour après jour grâce aux choix de livres des uns et des autres, une bibliothèque vivante nécessitant d’être régulièrement nourrie par l’ajout de nouveaux ouvrages.

4 – La mesure dans l’utilisation des nouveaux moyens technologiques :
Il a été démontré de manière certaine que la télévision, l’internet, les portables ou les jeux vidéo provoquent une diminution de la capacité de concentration chez les jeunes et réduisent leur curiosité, trop d’heures passées devant ces appareils modernes frêne considérablement le processus de constitution d’une culture sérieuse et solide. C’est donc pour cette raison que la famille ne doit absolument pas permettre que le livre entre en compétition avec les nouveaux moyens technologiques, car il est quasiment certain que le livre sera le grand perdant de cette bataille inégale, c’est pourquoi il est très important, en tant que parents, de ne pas laisser les enfants utiliser internet ou regarder la télévision pendant des heures et des heures, une heure par jour semble être le grand maximum. Une fois ces règles strictes imposées et la limitation de l’utilisation des divers écrans de la maison appliquée, on verra tout naturellement les enfants se tourner vers la lecture d’histoires et de contes, en fait le livre deviendra la seule manière de rompre l’ennui, puis avec le temps les enfants auront de plus en plus de plaisir à lire et ils seront attachés de manière très profonde aux livres.
En guise de conclusion nous pouvons dire que nos enfants verront grandir en eux l’envie de lire, lorsque nous, adultes, aurons compris que notre responsabilité concernant le fait de leur donner une culture et de nourrir leurs esprits est aussi importante que notre responsabilité qui consiste à devoir leur assurer qu’ils mangent à leur faim chaque jour. Les enjeux de cette bataille quotidienne dans nos foyers sont immenses, car il s’agit là de la formation des futures générations de musulmans, celles qui auront inchallah, les moyens intellectuels et la culture pour faire face aux immenses défis que doit relever la Oumma, et l’une des clés de la réussite est le relèvement du niveau moyen de connaissance et de culture chez les musulmans, et cela ne peut se passer que par le livre !

‘Abd al-Karîm Bakkâr