Le mari hérite de sa femme qu'il ait ou non remplit ses devoirs envers elle

5-6-2023 | IslamWeb

Question:

Notre noble cheikh, nous sollicitons votre bienveillance afin de nous éclaircir sur une situation complexe de partage d'héritage (argents et bijoux) qu'a laissé notre défunte mère entre ces enfants et son époux, souscrivit en second mariage, après un divorce avec notre père. Cette seconde union n'a pas fait objet d'un acte administratif.Son mari n'a jamais étayé le rôle de conjoint, c'est notre défunte mère qui travaillait et s'occupait de ses enfants. On se pose la question suivante : est-ce qu'un époux qui n'a jamais rempli son rôle de tuteur protecteur comme le stipule notre religion, jusqu'aux derniers instants de son agonie en la laissant sans assistance, ni aide, ni réconfort, en abandonnant le foyer y compris l'inhumation de notre défunte mère, cette action fut assurée par de la famille lointaine.A-t-il le droit à un héritage ? Dans le cas où il bénéficie d'une partie de ce legs, nous nous aimerions, notre noble cheikh, de nous indiquer comment procéder. Dans l'attente, nous vous en remercions vivement et Baraka Allah oufik

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Si telle est la situation de votre beau-père, alors il ne fait aucun doute qu'il a bafoué de nombreux droits et a négligé bon nombre de ses devoirs s’exposant ainsi aux conséquences néfastes de la perpétration des grands péchés. En effet, le Prophète () a dit : « Il suffit à l'homme pour être mauvais de laisser les personnes à sa charge en proie au besoin. » (Ahmad, Abû Dâwûd). Toutefois, cela n'affecte pas son droit à sa part de l'héritage. Car le mari hérite de sa femme décédée, qu'il ait ou non remplit ses devoirs envers elle comme elle hérite de lui s’il venait à mourir alors qu’elle est en état d’insubordination (fi halat nouchouz). Le mariage est une raison suffisante pour que les deux conjoints puissent s'hériter entre eux tant que le contrat de mariage subsiste, ou reste considéré comme tel, même si l’un d’eux meurt immédiatement après la conclusion de l’acte de mariage avant la consommation du mariage et avant de recevoir la pension alimentaire. On ne peut donc empêcher le mari de votre défunte mère d’avoir sa part de l’héritage du moment qu’elle est morte sous son autorité maritale. Les entraves qui empêchent la personne de bénéficier de l’héritage sont au nombre de trois : le meurtre, la différence de religion et l'esclavage et le refus du mari de subvenir aux besoins de sa femme n’en fait pas partie.
Quant à sa part de l’héritage, il a droit à la moitié si son épouse n'a pas d'enfant ou de petit enfant issus d'un fil, quel que soit son degré de descendance et au quart si elle a un enfant ou petit enfant issus d'un fils, quel que soit son degré de descendance. Les parts des deux conjoints sont fixées par le verset suivant : « À vous la moitié de ce qu'ont laissé vos épouses, si elles n'ont pas d'enfant. Si elles ont un enfant, à vous le quart de ce qu'elles ont laissé […]. À elles un quart de ce que vous avez laissé, si vous n'avez pas d'enfant. Si vous avez un enfant, à elles le huitième de ce que vous avez laissé […] » (Coran 4/12)

De même, on ne peut empêcher le mari de votre mère d’avoir son droit à l'héritage de cette dernière pour la simple raison que le mariage entre eux n’a fait l’objet d’aucune officialisation administrative. Si l’acte de mariage remplir toutes les conditions de validité, comme la demande et l’acceptation, la présence du wali et des témoins, alors il est concerné par toutes les règles religieuses relatives au mariage valide – y compris les règles en rapport avec le partage des successions- même si l'enregistrement de cet acte au niveau des autorités administratives n'a pas été effectué car il n'est pas une condition de validité de mariage du point de vue de la Charia. En conclusion, nous vous recommandons de porter cette affaire devant un tribunal islamique, ou que toutes les parties en conflit en parlent de vives voies à un savant compétent et aptes à remplir le rôle de juge.

Et Allah sait mieux.

 

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